P a r t i e V

Paris

Содержание:

  1. L’HISTOIRE DU PANTHEON
  2. DES GRANDS BATISSEURS DU XXe SIECLE
  3. J’AIME PARIS
  4. JE N’AIME PLUS PARIS
  5. UNE PLAISENTERIE

L’HISTOIRE DU PANTHEON

Durant presque tout le XIXe siècle, avant la construction de la tour Eiffel, le monument le plus haut de la capitale, celui que pouvaient apercevoir le provincial ou l’étranger débarquant à Paris, a été le Panthéon. Cet imposant édifice couronne le quartier de la montagne Sainte-Geneviève; au fronton, une Mère-Patrie de pierre décerne récompenses, honneurs et mérites à de nobles figures sous lesquelles est inscrite une phrase « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante ». L’immense salle dans laquelle pénètre le visiteur est vide ; pour accéder aux tombeaux des grands hommes (car, excepté Marie Curie, les pensionnaires de l’édifice sont tous masculins) il doit descendre dans une crypte silencieuse et fort obscure.

Si le bâtiment a été baptisé Panthéon à la Révolution, c’était dans le souci de distinguer la nouvelle destination de l’édifice – la nécropole des serviteurs de la grande nation républicaine – de sa vocation religieuse d’origine – son édification ayant été ordonnée à Soufflet par Louis XV en 1755 en l’honneur de Geneviève, sainte patronne de Paris.

À la mort de Mirabeau, le 4 avril 1791, l’Assemblée nationale fit en effet déposer symboliquement ses restes à côté des cendres de Descartes, dans l’ancienne église, et déclara par décret l’édifice « destiné à recevoir les cendres des grands hommes à dater de l’époque de la liberté française ». Clin d’œil du hasard, dans son roman La Comtesse de Chamy, Alexandre Dumas relate, dans des pages pleines de verve, comment, à cette occasion, l’église Sainte-Geneviève fut transformée en Panthéon. On supprima entre autres de l’édifice quarante-neuf fenêtres, afin d'introduire dans la crypte la pénombre propice au recueillement. Ainsi transformé en temple du patriotisme, du talent et des vertus, le Panthéon fut désormais voué au culte d’une religion nouvelle et universelle : celui de la morale.

Au cours du XIXe siècle, il fut pourtant rendu, à trois reprises, à sa destination primitive et religieuse. Napoléon l’ayant consacré à la gloire des grands serviteurs de l’État, le monument fut réaffecté au culte catholique, d’abord sous la Restauration, puis, en 1851, après le coup d’État de Napoléon Bonaparte.

La singularité du Panthéon tient en fait à deux traits en apparence contradictoires : les débats dont il fut et reste encore l’objet, et l’ambition qui préside au choix des grands hommes qui y reposent. Celui-ci est en effet régi par la foi dans le progrès, dans l’espèce humaine et dans la civilisation dont la France s’est toujours voulue le chantre. A cet égard, c’est la « panthéonisation » de Hugo en 1885, qui a marqué véritablement la réintroduction du terraple dans sa dimension républicaine, laïque et universaliste. Les obsèques de l’écrivain inaugurent toute une série de funérailles nationales qui deviendront des événements solennels ponctuant avec gravité la marche vers le progrès et l’espoir en une humanité meilleure : Zola, Gambetta, Jaurès, Pasteur, Henri Poincaré, Jean Moulin et avec lui, tous les héros qui surent se sacrifier au nom d’un idéal de liberté.

D’après Le courrier de l’UNESCO

DES GRANDS BATISSEURS DU XXe SIECLE

Les présidents français Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand ont laissé aux générations futures l’image de grands bâtisseurs.

Arrivé au pouvoir en 1969 Georges Pompidou, homme de culture et amateur d’art contemporain, veut redonner à Paris une mission de métropole culturelle internationale. Il décide de créer au quartier Beaubourg un Centre National d’Art et de Culture qui portera plus tard son nom (Centre Pompidou). L’architecture novatrice de ce haut lieu a largement contribué à son succès. Avec près de 100 millions de visiteurs (entre 1977–1990), il est devenu le plus visité des bâtiments français et le plus fréquenté de tous les musées du monde.

Face au Palais du Louvre, sur la rive gauche de la Seine, se dresse l’ancienne gare d’Orsay luxueusement inaugurée en 1900. Après une trentaine d’années de service seulement, la gare est abandonnée pendant les années 50-70. Le bâtiment est sauvé en 1977 quand le président Giscard d’Estaing décide d’en faire un musée pour y regrouper les collections nationales de tous les arts du XIXe siècle. Ce nouvel établissement deviendra ainsi le chaînon entre le Musée du Louvre et le Centre Pompidou consacré au XXe siècle.

L’ensemble des travaux d’études est prêt lorsque le président suivant, François Mitterrand, accède au pouvoir en 1981. Il admet le projet de Giscard d’Estaing. C’est en 1986 qu’est inauguré ce musée thématique.

D’après A. Remacle Temps de vivre

J’AIME PARIS

C’est la seule ville où je pourrais vivre. D’ailleur ce qui est formidable en France, c’est centralisation : TOUT est à Paris. Mon éditeur est à Paris. Ma meilleure amie est à Paris. Mes amis sont à Paris. Ma maison est à Paris. Mon chat est à Paris. Mon poisson rouge est à Paris. Ma boulangère est à Paris. Mon ordinateur est à Paris. Mon bureau de poste est à Paris. Mon e-mail est à Paris. Mon psy est à Paris. Et même mon adresse est à Paris. Bref, à Paris, j’ai tout sous la main. C’est merveilleusement bien organisé.

Au début, c’était beaucoup plus compliqué : je suis née en effet très loin de Paris, à l’angle de frontière et de l’océan, exactement dans un coin. Il a fallu que je fasse de très longues études, que je prenne de multiples trains, que j’attende même la construction du TGV-Atlantique.

Vous imaginez à quel point j’étais fatiguée : je ne pouvais pas vivre sans Paris. Ma maison était déjà construite depuis le XIXe siècle au moins, mon homme était né depuis plus de vingt ans, l’arrière-grand-mère de mon poisson rouge frétillait déjà de désir pour l’arrière grand-père du susdit, ma boulangère pétrissait vigoureusement des baguettes que je ne mangeais pas, et mon psy ne m'avait pas encore rencontrée, ce qui lui manquait beaucoup.

Ma meilleure amie avait le même problème que moi. Nous étions nées au même endroit, dans ce coin très loin de Paris. Notre vie devenait de plus en plus complexe. Heureusement, tout s’est bien terminé, et les choses se sont parfaitement bien mises en place.

J’habite la seule ville possible. Il y a des jardins publics magnifiques, des cinémas en veux-tu en voilà, des musées, des magasins, de grandes avenues très chics, des quartiers fort pittoresques, et des Parisiens partout. Je vais très souvent me promener juste au-dessous de la tour Eiffel, là, entre ses quatre bras. Je me tiens très exactement au milieu, je lève la tête, et je tombe dans le grand trou qui est au centre du monde. Il y a même des Japonais qui viennent tout exprès.

Quand je pense que tout cela a été installé pour moi toute provinciale que j étais, je me dis que ma vie est bien belle, que le monde est drôlement bien fabriqué, et que décidément tout y fonctionne à la perfection.

Marie Darrieussecq

JE N’AIME PLUS PARIS

Je n’aime plus Paris depuis que les quais ne sont plus les quais, mais des voies sur berge.

Je n’aime plus Paris depuis que les ateliers ne sont plus des ateliers, mais des lofts – et ce n’est pas simplement une question de vocabulaire.

Je n’aime plus Paris parce qu'on ne peut pas s’y ennuyer tranquille.

Je n’aime plus Paris depuis que le marchand de quatre saisons du métro Reuilly-Diderot a été remplacé par un McDonald’s.

Je n’aime plus Paris parce que les automobilistes sont excédés et qu’il n’y a plus de couchers de soleil sur la Défense à cause de la pollution.

Je n’aime plus la rive gauche parce que les librairies sont transformées en boutiques de luxe.

Je n’aime plus la rive droite parce que les boutiques de luxe sont transformées en saladeries.

Et puis, on ne peut même plus s’embrasser sous les porches, à l’intérieur des immeubles à cause des digicodes.

Je n’aime plus Paris parce que les gens s’y croient.

Je n’aime plus Paris à vélo.

Je n’aime plus Paris parce que Paris empeste, que le ciel est jaune, les chiens tristes et leurs maîtres mal élevés.

Je n’aime plus Paris parce que marcher dedans ne m’a jamais porté bonheur.

Je n’aime pas Paris parce que c’est le premier port de France et qu’il n’y a même pas la mer.

Je n’aime plus Paris depuis que j’ai appris le nombre d’appartements vides et le nombre de locataires expulsés.

Je n’aime plus Paris parce que je préfère Montreuil-sous-Bois, et mes amis aussi.

J’aime néanmoins le marché d’Aligre, le quai n° 3, rue de Nancy, la tour Eiffel, le 14 juillet sur la Seine, le parc de la Villette, la rue de la Harpe (pour le nom et une autre raison très personnelle) et Paris au mois d’août, quand la ville prend ses quartiers d’été.

Marie Nimier

UNE PLAISENTERIE

Au début des années 1900, Montmartre, avec ses jardins, ses vignes et ses moulins, ressemblait à un village. On y trouvait de nombreux cafés et c’était devenu le centre de la vie littéraire et artistique parisienne. Des artistes et des écrivains y refaisaient le monde et y inventaient l’art moderne.

Un jour, un de ces artistes, Roland Dorgelès, dit à son ami le sculpteur Buron : Je vais exposer une de tes sculptures au musée du Louvre.

– Impossible ! répond Buron. Le Louvre n’expose jamais les œuvres d’un artiste vivant.

Roland Dorgelès choisit dans l’atelier de Buron une sculpture abandonnée par l’artiste : une tête de femme au nez cassé. Puis il va au Louvre et observe les lieux. Il rentre ensuite chez lui et fabrique une petite étiquette semblable à celles du musée : « № 402. Tête de divinité (Fouilles de Délos) ».

Le lendemain, il retourne au Louvre accompagné d’une amie qui dissimule la tète sculptée dans ses vêtements. Il profite d’un moment où la salle des antiquités grecques est déserte, pose la sculpture sur une étagère et fixe l’étiquette.

Les jours passent, mais personne ne remarque la fausse antiquité.

Au bout de quelques mois, Dorgelès et ses amis font venir les journalistes et les photographes au musée du Louvre.

– Ce musée expose des faux. En voici un ! s’écrie Dorgelès. On se moque du public !

Le gardien appelle le gardien-chef qui appelle le conservateur. Mais personne ne croit Dorgelès. Encore un de ces artistes originaux qui veut se faire remarquer.

La sculpture de Buron restera à sa place au milieu des antiquités grecques. Et à Montmartre, on organise une grande fête en l’honneur du seul artiste vivant exposé au Louvre.

Quarante ans plus tard, Roland Dorgelès qui est devenu un écrivain célèbre, visite le Louvre. La jolie tète au nez casse est toujours à la même place.

D’après P. Rosenberg Dictionnaire amoureux du Louvre